JUSTE LE DEBUT DE QUELQUE CHOSE
Plusieurs parents que je rencontre, animés par un désir de
protection ? d’un pas-de-vague ? ne disent pas ouvertement et
simplement à leur enfant qu’ils sont à haut potentiel. Cette situation se
produit lorsque l’enfant a passé le test très jeune.
Les parents me disent que le test a été fait quand leur
enfant avait 5 ou 6 ans …mais que depuis, rien n’a été dit, personne n’en a
parlé. Et le jeune en face de moi, devenu adolescent, confirme.
« Tu as passé un test ? » … « Je ne me
souviens pas … »
Silence radio : on n’en parle pas, cela n’existe pas ? Est-ce la pensée magique qui conduit à croire
cela ? Est-ce un rempart que les parents espèrent dresser entre le monde
réel et leur souhait ? Si l’on n’en parle pas, il sera comme les autres
enfants ? Sa singularité s’effacera et tout ira bien ?
On sait bien que non… cela ne se passe pas ainsi.
Le souci de préserver son enfant, ici, se mue en un rempart
dont l’opacité n’aide en rien le concerné. Taire des résultats du test conduit
à en faire un tabou dont les effets sont délétères.
L’enfant à haut potentiel n’intellectualise pas sa
singularité. Il la vit.
Et d’autres sont parfois sur sa route pour lui la faire ressentir
de manière douloureuse.
En effet, le pas est vite franchi de se dire que si toute
une classe, tout un groupe pense d’une manière c’est qu’ils ont forcément raison.
Alors, le HP et ses centres d’intérêt particuliers, le HP et ses blagues qui ne
font rire que lui…a tôt fait de penser qu’il n’est pas « normal »
…que c’est lui qui a un problème.
Car si aucun mot n’est posé, la réalité du décalage est
toujours là et rien ne permet de l’appréhender avec douceur.
Les parents eux-mêmes, s’ils ont été brassés par cette
découverte, imaginent être d’excellents acteurs qui peuvent cacher leur malaise,
leur questionnement et font comme si cela n’existait pas. Mais l’enfant HP avec
ses antennes capte ce trouble, il ressent qu’il y a quelque chose et s’interroge…
Suis-je la cause de cette crise ? est-ce à cause de moi ?
Et cette énigme l’occupe bien plus qu’il ne faudrait,
épaississant un peu plus le brouillard qui l’entoure.
Alors pour ne pas rajouter de problèmes, pour ne pas créer
d’autres confusions, il convient de dire, d’exprimer, d’expliquer, d’illustrer,
de démêler ce qui n’est ni « un plus », ni « un moins »
mais bien une différence.
C’est le premier petit pas pour aller vers son acceptation.
Nathalie C