Haut potentiel, handicap invisible ?
Hier, il m’a été donné d’entendre une plaidoirie faite par un élève à haut potentiel, Justignin, plaidant pour que la précocité soit mieux prise en compte par les enseignants, plaidant aussi pour que le haut potentiel soit reconnu « en tant que handicap invisible au même titre que les dys ».
« Handicap invisible. »
Le système scolaire français amène donc que ce qui devrait être encouragé comme une chance, un atout, une richesse se transforme dans sa perception par certains élèves concernés eux-mêmes en « handicap invisible ». Le ressenti de ce jeune de terminale me fait froid dans le dos.
Écoutant les conseils donnés, il a eu une démarche très scientifique. (Et je l’en félicite !) Il est allé regarder sur les sites de l’Éducation nationale et a constaté que le haut potentiel y est à peine abordé. En effet, il n’y a pas encore dans le cursus de formation une prise en compte claire et concrète des élèves à besoins spécifiques. Il est allé aussi sur des forums spécialisés et a constaté qu’un bon nombre d’enseignants demandait concrètement des conseils pour savoir comment s’y prendre avec leurs élèves HP. Conseils parfois renseignés par les parents eux-mêmes : mon élève de constater alors le paradoxe, … les parents « apprennent aux professeurs à apprendre ».
Je rajouterai que s’il était allé du côté des formations en psychologie, il aurait pu faire le même triste constat. Rien de spécifique, un module de quelques heures sur la précocité.
L’idée reçue que si un enfant est précoce, il peut réussir très bien et qu’il n’y a donc rien de particulier à faire pour lui, est tenace.
Certains enseignants en sont encore même à l’étape colère. L’enfant à haut potentiel les dérange tellement, les bousculent tant dans leurs schémas de pensée qu’ils retournent leur sentiment d’échec contre l’élève et le stigmatisent. Telle Maman m’expliquait que l’enseignante de sa fille avait très mal réagi depuis qu’elle avait connu son haut potentiel. Après être passée par une phase de provocation (l’enseignante provoquant l’élève, attention à ne pas se tromper de sens !!), ce professeur avait choisi désormais de l’ignorer. L’élève levant la main, la prof ne l’interroge jamais… par exemple… Bref… le malaise de l’enseignante démunie devant ce zèbre qui fonctionne autrement, se transformant en enfer pour elle-même et en situation très douloureuse pour l’élève.
C’est pourquoi mon élève demande à juste titre dans sa plaidoirie que les enseignants soient mieux formés et informés sur la précocité.
Si seulement il pouvait être entendu. C’est pourquoi j’ai eu envie de le mêler à mon billet d’humeur ce matin et de partager sa réflexion à la mienne.
Nous constatons que les outils que nous avons mis au point dans le cadre d’A2préccoe et qui fonctionnent avec les élèves à besoins spécifiques, avec les autres, avec… Tous en fait puisqu’ils prennent en compte les différentes formes d’intelligence, ces outils donc, et bien, nous avons du mal à les diffuser.
Peut-être, nous y prenons nous mal pour communiquer…
Alors, avis aux intéressés : Catherine Gié et moi-même proposons des formations pour les enseignants (collège et lycée surtout). Nous allons à Paris vendredi prochain pour cela. (Il y a encore des places). Nous avons écrit un livre qui regroupe plusieurs moyens… « Elève précoce : agir et apprendre autrement »Chronique Sociale.
Nous aidons les jeunes à haut potentiel, mais si nous pouvions être plus actives à la source ; c’est-à-dire vers les enseignants, nous en serions tellement heureuses !
Merci Justignin pour ta plaidoirie d’hier, même « timide », j’espère avoir entendu ta voix.