Malade de l’école
Dans le cadre de la préparation de la conférence du 4 avril, nous avons échangé avec de nombreux enfants, adolescents souffrants ou ayant souffert de phobie scolaire, ainsi qu’avec leurs parents.
Le constat terrible et qui mérite d’être répété à l’envi, tant certains enseignants ne semblent l’avoir encore intégré, est que le jeune souffre terriblement de ne pas pouvoir aller l’école.
Certains collègues que j’ai encore entendus un poil ironique devant l’absence répétée d’élèves s’imaginent qu’avec un peu de volonté, un peu de courage, l’élève pourrait balayer ce problème et cesser ses absences répétées.
A la place de « phobie scolaire », est apparue récemment l’expression de « refus scolaire anxieux ». Ce terme doit être utilisé avec prudence car il semble appeler à la volonté de l’enfant ou du jeune, ce qui n’est en rien approprié. Dans les textes de l’Education Nationale, il est utilisé le terme de « décrochage scolaire ».
Personnellement, je préfère parler d’élèves « malades de l’école ».
En effet, les jeunes que nous avons rencontrés souhaiteraient tous être capables d’aller à l’école. Tel Rémi (19 ans) qui en décrochage et préparant son baccalauréat seul chez lui, essayait, au moins sur le temps du déjeuner, d’aller à l’école pour manger à la cantine avec ses copains. Tel Thomas (17 ans), tentant tous les matins, pendant plusieurs semaines, de venir au lycée mais se bloquant devant les grilles de celui-ci, incapable physiquement de les franchir.
Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas aller à l’école, c’est qu’ils ne peuvent pas.
Et si l’on ne comprend pas ce point fondamental, eh bien, c’est un peu catastrophique.
Culpabiliser l’élève, faire des remarques déplacées quand il revient… et ceci peut être le fait tant des enseignants que des autres camarades, ne facilitent pas les choses.
Une jeune fille me faisait remarquer la différence d’empathie entre un élève qui revient après un séjour à l’hôpital pour une fracture par exemple, et celui qui vient en pointillé parce qu’il est malade de l’école.
Réservons-leur la même empathie.
Nathalie C