De la sur adaptation à la négation
Le jeune à haut potentiel qu’il ait validé ou non par un test son surdouement, doit apprendre à vivre avec quelque chose qui souvent l’encombre.
Ses capacités hors norme ne facilitent pas sa vie à tous les coups : difficultés scolaires dans bien des cas, problèmes relationnels qui créent des tensions et/ou un isolement. Baudelaire a vu juste lorsqu’il évoque les ailes de géants de l’albatros qui l’empêchent de marcher… Etre trop dans tout crée bien des situations délicates.
Beaucoup de hauts potentiels cherchent alors à s’adapter. Ils taisent leurs idées originales pour rentrer dans le moule ; Ils adoptent la tenue vestimentaire passe-partout pour ne pas se faire remarquer, ils abandonnent leurs goûts pour les activités atypiques afin d’être le plus parfaitement transparents.
Quel gâchis !
L’adaptation est certes une qualité, c’est ce qui permet de faire « avec » l’autre, de composer et d’être dans la logique de l’échange. Mais encore faut-il que celui-ci soit constructif.
Trop souvent, d’adaptation le HP passe à suradaptation : cela demande un effort épuisant au jeune pendant toute sa journée de faire « comme si ». Faire « comme s’il » n’avait pas de questions insolites à poser en classe (et cela suppose une analyse permanente de ce qui est insolite aux yeux des autres ou pas) ; faire comme si les sujets de conversation des camarades de la cour l’intéressaient, faire « comme tout le monde », faire surtout comme ceux qui sont « populaires et qui sont acceptés par le groupe.
Cette suradaptation est épuisante car elle suppose une vigilance de tous les instants (sans être assuré qu’à un moment ou un autre, le naturel ne resurgisse au détour d’une remarque anodine) ; cela est fatiguant aussi sur un plan émotionnel car le jeune ne laisse pas voir qui il est vraiment. Il en souffre mais c’est l’effort à payer à ses yeux pour être accepté, donc parfois invité, pour avoir des amis…
De la suradaptation à la négation, la limite est ténue. Certains croient (ou veulent croire) qu’en oubliant qui ils sont, ils seront plus heureux. Alors ils oublient leurs talents, ils gomment toutes spécificités physiques (jusqu’à même s’enlaidir), ils adoptent le comportement de la moyenne … ils ne sont plus hors norme, ils sont comme ceux qu’ils croisent et qu’ils pensent être dans la norme.
Est-ce le secret du bonheur ? C’est tout du moins le chemin pris par certains pour réussir leur intégration au groupe.
Le jeune HP, surtout s’il a souffert d’isolement dans son enfance, pense qu’il a trouvé une magnifique porte de sortie ! Des amis, des copains, la popularité !
Cela ne dure malheureusement pas car au fond de lui, le jeune adulte doué ou l’adulte doué sent qu’il y a quelque chose qui n’est pas respecté, quelque chose qui n’est pas nourri.
Cela provoque bien des souffrances, bien des malaises, bien des dépressions.
S’accepter tel que l’on EST dans toutes ses dimensions, voilà le défi d’adaptation de soi à soi que chacun a à relever. S’accepter dans sa DIFFERENCE, dans ses TALENTS sans rogner ce qui fait justement son altérité. Prendre confiance en soi et en ses capacités pour que le regard de l’autre ne décide en rien de qui l’on est.
Voilà le défi … et c’est parfois le cheminement de toute une vie.