Billet n°19

Naïveté quand tu nous tiens !

Croire ce que dit l’autre…

Croire que l‘autre est sincère…

Croire qu’il est animé des mêmes intentions que soi…

Cette perception des relations peut amener déboires et déconvenues.

Sauf que c’est souvent le mode opératoire des personnes à haut potentiel. Naïves qu’elles sont de penser que la personne en face est animée des mêmes valeurs que les siennes. C’est un des décalages qui peut amener à des quiproquos relationnels et de grandes souffrances. Cela conduit à des ressentis de trahison, à des déceptions énormes et la tentation du repli n’est pas loin.

Les codes relationnels des HP sont spécifiques. Et même si le HP sait s’adapter, cela fait mal de constater que l’autre ne dit pas ce qu’il ressent, qu’il calcule ou pire qu’il manipule.

Illustration avec l’exemple de notre activité liée à A2précoce. Quand nous avons commencé, j’ai cru très naïvement que nous serions aidées, soutenues par celles et ceux qui, déjà au contact des HP, trouveraient en notre approche un éclairage, une expérience, un complément utile à leur propre travail. Nous sommes en effet sur le terrain, auprès d’élèves que nous côtoyons tous les jours, que nous avons à cœur d’aider au mieux. Alors oui, nous avons rencontré certaines personnes avec cette même vision : « elles ont les mains dans le cambouis » comme aime à le dire le Dc Olivier Revol en parlant de Catherine et moi, illustrant ainsi notre travail de terrain. Idem pour notre éditeur, M André Soutrenon qui a tout de suite suivi et qui a permis la publication de nos deux livres et de ma BD. Je leur adresse un immense MERCI d’avoir été ces soutiens, c’est infiniment précieux.

Mais, et là, je ne citerai personne…combien d’égo, combien de pré carré ont été défendus bec et ongles pour ne pas …ne pas faire quoi d’ailleurs .. ???

Je pensais assez naïvement que les personnes engagées dans l’accompagnement du haut potentiel feraient tout pour créer ensemble, un tout actif et solidaire. Ne courons-nous pas tous pour la même cause ? eh bien, il faut se rendre à l’évidence, non. Egarée que j’étais dans mon monde de bisounours.

Pas de relai de notre activité, de nos publications sur certains sites pourtant sollicités, promesses non tenues… etc… Mais peut-être était-ce aussi par manque de temps ?… peu importe.

La colère a disparu car cela remonte aujourd’hui à plusieurs années, mais surtout, parce que les retours des personnes que nous aidons confirment la qualité de notre travail. C’est l’essentiel. Mais ma vision bisounours du « on va tous travailler ensemble pour faire bouger les choses » a pris du plomb dans l’aile.

Il en est de même sur une cour de récréation quand le soi-disant « camarade » profite de la candeur du HP pour soutirer certaines confidences utilisées ensuite contre lui pour mieux s’en moquer. Idem dans les relations amoureuses, amicales, professionnelles… donner sa confiance naïvement se révèle alors parfois dramatique.

C’est d’autant plus paradoxal que le lieu commun est de penser que grâce à sa perspicacité, le HP va déceler le coup fourré, sentir l’arnaque, repérer plus aisément le mensonge. Son intelligence et sa vivacité le permettent parfois, par exemple s’il se conditionne en mode « doute ».

Mais trop souvent, la projection de son soi intérieur et de ses valeurs joue contre lui. Son éthique l’amène à croire que la sincérité et la loyauté sont partagées par son interlocuteur.

Alors, oui, le besoin de sens et d’authenticité placent les échanges à un niveau d’attente très haut.

C’est exigeant d’être vrai.

Mais peut-on (ou veut-on) ???? faire autrement ?

Nathalie C