Billet n°21

Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? ?

Cette semaine, lors d’une réunion de parents, j’ai encore constaté combien la douance était méconnue des représentants mêmes qui la composent.

Echangeant avec un élève et sa Maman et après avoir fait le point sur sa scolarité, j’ai exprimé que j’avais repéré chez celui-ci un fonctionnement qui me faisait penser au haut potentiel. La Maman m’a confirmé que c’était effectivement le cas. Je fus surprise que la Maman n’ait rien dit mais elle m’a expliqué qu’elle n’en parlait pas car elle ne voulait pas le « stigmatiser ».

Je respecte infiniment le choix de cette famille même si je ne suis pas du tout d’accord avec la démarche.

Stigmatiser la différence : évidemment que je comprends ce qui est refusé ici. Ne pas mettre une étiquette qui enferme, ne pas faire subir à l’enfant les conséquences d’un mot que l’on craint emprisonnant et dont on ne sait ce qu’il va attirer.

Mais en ne disant rien, ni à l’équipe enseignante, ni à l’entourage, ni à l’enfant lui-même, n’y a -t-il pas un écueil encore plus grand ? Celui de faire croire que cette singularité n’en est pas une et que l’on peut vivre bien dans ses baskets sans la prendre en compte.

Ne parlons ici que de la personne concernée. Au moment où sont passés les tests, je vois beaucoup de familles qui témoignent, qu’une fois les résultats connus, le sujet n’est plus évoqué. Très nombreux me disent, « alors voilà, les tests confirment le haut potentiel et maintenant … ? » eh bien les tests passés ne marquent pas une fin mais plutôt un début. L’éclairage peut enfin se faire et l’acceptation est en chemin. Qui dit acceptation, dit possibilité d’en faire une composante de sa personnalité, composante connue donc valorisée dans ce qu’elle a de positif. Qui dit acceptation, dit possibilité de s’adapter aux autres car est enfin compris qu’il existe d’autres modes de fonctionnement. Qui dit acceptation, dit qu’il est envisageable d’en faire une force paisible, une force tranquille. (Pardon pour ce contexte campagne électorale années 80 ????)

Il n’est ni question d’en faire un étendard pour le brandir afin d’excuser tel ou tel comportement, ou d’user d’un passe-droit, mais ni question non plus de le taire et d’en faire un tabou.

Ce choix quand on est adulte relève de l’intime. Dois-je afficher à tous telle ou telle composante de ma personnalité ? Bien évidemment que non. Je fais ce choix d’adulte libre.

Mais ne pas le dire à la personne concernée, faire comme si le test passé, tout était enfoui …pour n’y revenir que lorsque d’autres problèmes surgiront, s’avère souvent un fiasco. Quand les tests sont passés tôt, je pense qu’il est très utile d’aider son enfant à se construire en l’accompagnant au mieux pour qu’il intègre sereinement cette part de lui.

Ne pas le dire à l’équipe enseignante peut se comprendre car j’entends encore des propos de collègues sur le sujet, je vois la frilosité de certains face à l’accélération, les lignes qu’ils rechignent à voir bouger. Alors certains parents se disent que c’est mieux de maintenir cette information en dehors de la sphère scolaire.

Alors pourquoi pas si la scolarité se passe bien et que le jeune est content de ce qu’il vit à l’école.

Dans le cas contraire, échanger et travailler ensemble me parait toujours la meilleure solution.

Nathalie C