Billet n°26

Esprit curieux, curieux d’esprit !

L’approche qu’un haut potentiel a du monde qui l’entoure est singulière.

La singularité que je voudrais pointer ici porte sur ses goûts et ses domaines d’intérêt. Sa curiosité insatiable le pousse à explorer des sujets, beaucoup de sujets et souvent ceux-ci sont inhabituels.

Il y a les traditionnels thématiques des dinosaures, des planètes et des trous noirs. Mais il y a aussi plus étonnant. Une jeune lycéenne HP me posait la semaine dernière, à la fin du cours, une question sur le système politique roumain ! Tel autre HPI collégien m’a confié qu’il a développé un élevage de fourmis …

Cet aspect est à mes yeux drôle, touchant et tout simplement fantastique.

Quand ils m’ouvrent ainsi leur cabinet de curiosités, j’y vois toujours une marque de confiance et cela me réjouit.

J’ai eu ce matin même la clef pour comprendre pourquoi j’y suis autant positivement sensible. C’est même une façon pour moi de repérer certains élèves HP. J’avais déjà témoigné de cela au sujet de la pertinence de leurs questions. Eh bien , les centres d’intérêt très pointus de certains HP sont ainsi aussi une marque de fabrique.

La clef qui m’a été rapportée ce matin, concerne une enseignante que j’ai eue en première en français et qui a confié que, deux élèves lui avaient, (je cite) ,« pourri sa carrière » P.F et Nathalie Chardon !!! Pourri sa carrière, waouh !

Qu’ai-je donc fait pour ?

Eh bien, passionnée que j’étais de littérature, je dévorais plusieurs livres par semaine, jusqu’ici tout va bien. Je participais énormément en cours, ça va toujours. Mais, offense ultime, j’ai osé apporter mes centres d’intérêt en classe. Le hic est que je n’ai pas apporté les auteurs attendus, les classiques. Ma curiosité littéraire m’avait attirée vers des sentiers moins défrichés. Je revois encore la tête de cette enseignante quand j’avais proposé Bram Stocker avec « Dracula » comme possible objet d’étude, ou combien elle contenait à la fois sa colère et sa consternation quand elle m’avait rendu une copie où l’ouverture de ma conclusion était une citation de Woody Allen au sujet d’un cervidé bien peu conventionnel.

Certainement, mes propositions l’ont déstabilisée. Il n’y avait pourtant aucune intention négative de ma part. C’étaient mes préférences de l’époque et j’avais envie de les partager. Bien embêtant quand même quand on réalise que cette prof avait face à elle, une élève active en cours, passionnée, curieuse, lectrice et d’un bon niveau. Et son ressenti est que je lui ai « pourri sa carrière » !!

Mais cela devrait être tout le contraire !

Les élèves à haut potentiel par leur appétit parfois étrange sont autant de bulles de nouveautés, de remèdes à l’ennui, de pépites dans des journées qui, sinon, sont parfois quelque peu monotones.

Je remercie vivement tous mes éleveurs de fourmis, mes amateurs d’institutions politiques roumaines et tous les autres !

Merci pour les contrastes saisissants qu’ils osent ! Ainsi pour conclure, j’oserai demander, qu’y a-t-il de plus beau qu’un arbre au printemps, à part peut-être un cerf chantant Stranger in the night au clair de lune avec des guêtres ? Woody Allen. ????

Nathalie C