Billet n°27

SILENCE RADIO

Les parents que je rencontre sont encore trop souvent dans la démarche de ne rien dire à l’équipe enseignante lorsque des tests ont été faits confirmant la précocité de leur enfant.

Bien sûr si ceux -ci sont initiés par l’équipe éducative, les résultats sont couramment communiqués.

Ce n’est pas dans ce cas que cela me questionne. C’est lorsque les parents sont eux-mêmes à l’initiative des tests ou bien lorsque l’enfant a changé d’école et que les tests sont tus dans le nouvel établissement.

J’entends trop souvent « nous n’avons rien dit car nous avons peur des conséquences », « non, nous ne disons rien pour l’instant ».

Je comprends l’attitude des parents : les préjugés qui collent encore à la douance expliquent leurs craintes. Ils ne veulent pas paraître les parents « pénibles » ou les parents qui seraient « sur le dos » des enseignants…alors motus sur le sujet.

Il y a aussi malheureusement des enseignants qui renvoient des paroles qui font mal.

Mais si l’on veut progresser, ce n’est pas souhaitable de garder le silence, les conséquences sont trop souvent délétères.

Pour l’enfant tout d’abord : comment peut-il appréhender sa singularité de manière positive si tout est gardé secret ? Ne rien dire aux professionnels avec qui il est censé travaillé dans la confiance et la bienveillance ? Comment ce secret peut-il apporter quelque chose de bon ?

Pour les parents : comment espérer une prise en charge tenant compte de cette spécificité si rien ne filtre ? L’enseignant ne découvrira alors la précocité qu’en cas de problèmes …et cela n’apporte aucun avantage.

Pour les enseignants enfin : si l’on adhère à une approche de co-éducation avec la famille, comment interpréter positivement la mise à l’écart d’une information comme celle-ci ?

C’est pourquoi je conseille toujours de communiquer l’information à l’équipe éducative qui travaille avec l’enfant.

Et si le parent est frileux, alors chercher dans l’équipe, l‘enseignant dont on sent qu’il sera plus réceptif. Il est vrai que si l’enfant est au primaire, c’est parfois plus compliqué.

Mais cet échange peut tellement apporter : l’éclairage sur l’élève est plus global, l’enfant peut accueillir pour lui-même cette particularité, les parents peuvent observer un meilleur accompagnement et les enseignants avoir des clefs bien précieuses.

Ceux qui franchissent le pas ont, dans l’écrasante majorité, reçu des enseignants un accueil réconfortant.

Alors en un mot comme en cent … communiquez !!! Encore une fois, sans brandir un étendard , mais sans non plus taire cette composante de la personnalité de votre enfant.

Nathalie C