Billet n°38

CHACUN CHEZ SOI

Un parent m’expliquait dernièrement être allé à la rencontre du professeur s’occupant de son fils … des craintes, des questionnements le motivaient et une envie d’échanger afin d’aider son garçon. Celui-ci ayant un profil atypique, certains épisodes rapportés par le jeune avaient inquiété la famille.

L’enseignante accepta le r.v mais dès que le premier point fut abordé, elle répéta la phrase énoncée le jour de la rentrée : « ce qui se passe à l’école, reste à l’école », puis elle balaya en tous sens plusieurs thèmes. Perdu face à ces circonvolutions et ayant pris en pleine face cette phrase magnifique, le Papa renonça à aborder toutes ses questions.

Mais enfin ….

J’entends sur toutes les ondes l’affolement du ministre de l’Education Nationale pour communiquer sur les actions qui vont se mettre en place pour lutter contre le harcèlement.

« Ce qui se passe à l’école reste à l’école » …. Ce qui veut dire que l’on ne se parle pas ? on ne se fait pas passer les informations qui peuvent éclairer un comportement ? Chacun reste chez soi et … ???

Pourtant c’est bien grâce à l’échange, grâce parfois au croisement d’informations que l’on peut dénouer une situation critique.

Une autre Maman s’est vue reprocher une trop grande intervention vers les enseignants et l’équipe éducative… Reproche tellement lourd que celle-ci a décidé de couper, de ne plus du tout envoyer de mails désormais tant elle vit mal ce regard lourd d’accusations porté sur elle.

Mais que reproche-t-on à ces parents attentifs ? que vont- protéger ? quel sens donné à tout cela ?

Certes, il y a des parents pénibles… oui, il y a des parents qui remettent tout en question et cela n’est pas acceptable.

Mais chez ces parents qui communiquent, ne pourrait-on pas plutôt voir des parents impliqués, attentifs ? Des parents qui ont confiance en l’équipe éducative et qui cherchent à partager leur vision ? Ne pourrait-on s’appuyer sur l’idée d’une coéducation ?

Dans le cas de situations complexes, j’ai toujours apprécié les parents qui échangent.

Un saut de classe décidé en cours d’année ? eh bien l’attention des parents qui vont prendre le temps nécessaire pour relayer l’enseignement à la maison est précieux.

Un enfant qui manifeste des troubles à la maison mais qui « joue » à tout va bien à l’école (ou inversement) est fréquent. Eh bien, là encore, se parler est la clef. Nous ne voyons pas la même chose et dans les situations de harcèlement qui sont si délicates à traiter, c’est indispensable de communiquer.

Ainsi donc « ce qui se passe à l’école » est imbriqué à ce qui se passe à la maison ; et ce que l’enfant vit à la maison se répercute à l’école.

Oui, la surcharge de travail peut expliquer en cette fin d’année l’envie de ne pas « passer » son temps à répondre aux parents. Mais les mails permettent de gagner en efficacité … et certaines situations imposent que l’on y consacre du temps.

Nathalie C